

La Saga du " Fantôme des Marais "




Il ne m'était pas possible de commencer un blog, sur les huit années passées au Kenya, en passant sous silence un évènement qui a totalement modifié ma vie.
Revenons au mois de juin 2021. En pleine période du Covid, les Parcs du Kenya sont vides. Il est quasiment impossible, pour les touristes, de venir faire un safari. Pour nous, résidant au Kenya, la circulation est compliquée, mais nous pouvons encore nous rendre dans certains secteurs. Impossible d'aller au Mara, mais Amboseli est accessible. C'est à ce moment qu'une rumeur a commencé à circuler chez les photographes et les guides du Kenya.....Un Serval Noir aurait été vu à Amboseli, et, à l'inverse de ses congénères, il ne serait pas trop timide et relativement facile à trouver. Comme souvent, l'information devait être vérifiée. Confirmation me fut donnée par un ami photographe qui en avait fait des clichés et avait donné des précisions sur l'emplacement où il pouvait être possible de le trouver.
Aucune hésitation possible. Batteries chargées, cartes vidées, plein de la voiture fait.....direction Amboseli National Park. Dès potron minet le lendemain, je me rends sur zone. L'attente commence, sous un soleil éclatant. Sur le toit ouvrant de la voiture, les appareils sont opérationnels et j'en profite pour boire un café en profitant du moment. Je suis seul, juste en face du Kilimanjaro qui s'illumine au soleil levant. Aucun autre bruit que celui de la savane qui s'éveille, ne vient troubler la quiétude de ces moments d'exception. Je mesure ma chance. C'est un fabuleux moment de sérénité que je suis en train de vivre.
Les yeux rivés sur les jumelles, je scrute, scanne et surveille les alentours à 360°. Soudain, une petite tache noire émerge des hautes herbes. Ses grandes oreilles trahissent son propriétaire. C'est LUI (en fait ELLE car nous apprendrons plus tard qu'il s'agit d'une petite femelle ). Et là, brusquement, mon petit monde semble basculer. Là, au bout de mon 500 mm, dans des d'excellentes conditions, je vois le "fantôme des marais", ce Serval Noir dont j'ai rêvé.
J'ai connu beaucoup d'émotions dans ma petite expérience de photographe amateur dans la savane, mais aucune ne pourra égaler celle que je suis en train de vivre. Seul, au milieu d'Amboseli, avec, au bout de mon objectif l'animal dont rêvent tous les photographes de "wildlife". L'adrénaline coule à flots. Quid des réglages ? Quid de la lumière ? Tout est en ordre. Je shoote avec les mains qui tremblent un peu. Faire confiance à Nikon pour la stabilisation......
L'observation sera moins longue qu'espérée car un chacal à chabraque rôde dans le secteur. Qu'importe. Je viens de vivre des instants exceptionnels.
Je n'ai revu ce Serval Noir qu'en une seule autre occasion, dans de mauvaises conditions. Je ne sais pas ce qu'il est advenu du "Fantôme des Marais ". Certains photographes ont aperçu un serval noir à d'autres occasions. Etait-ce le même? Cela n'a pas d'importance. Seule compte l'incroyable émotion qu'il m'a procurée. Sans pouvoir l'imaginer, il a totalement changé ma vie. Bonne route petit Serval Noir.


Craig et les Tuskers d'Amboseli


Craig ...
Michael


Conor




T.Jay
T.Jay


Rencontres avec les Géants
Craig & Gigi
La photographie de " WildLife " est très souvent une affaire d'émotion, celle que l'on ressent devant une situation, un animal ou même un paysage. Et l'une de ces émotions fortes est celle qui vous frappe de plein fouet lorsque vous êtes en présence de l'un de ces mythes d'Afrique, le Tusker.
Ce n'est pas parce qu'un éléphant possède de longues défenses qu'il peut se prévaloir du titre envié de "Tusker", encore moins de celui de "Super Tusker". Ce sera l'objet d'un article ultérieur car le sujet déclenche souvent des débats passionnés. En tout état de cause, l'éco-système d'Amboseli abrite une belle quantité d'éléphants dont la parure spectaculaire est assez impressionnante. Ils font partie des légendes du Kenya et d'Afrique.
A ce jour, les spécialistes estiment qu'il ne reste qu'une trentaine de "Super Tuskers" sur le Continent. Il s'agit d'éléphants mâles (uniquement des mâles) qui ont atteint l'âge de 45 à 55 ans et dont les défenses sont assez longues pour toucher le sol et pèse chacune autour des 45 kilogrammes. Définition très simpliste, mais dont nous allons nous contenter.
Amboseli compte une dizaine de Tuskers, que l'on peut classer en 3 catégories : les "emerging Tuskers" (Conor ou T.Jay en photo), les "Tuskers" (Michael) et les "Super Tuskers". Au premier rang de ces légendes se trouve CRAIG. Après les décès de Tim et Tolstoï, l'intérêt s'est logiquement porté sur Craig pour plusieurs raisons. En tout premier lieu, il s'agit d'un éléphant trés spectaculaire, avec une très longue défense du côté droit. Ensuite, par son statut de "Star Mondiale", il est quasiment surveillé en permanence par un groupe de Masaïs qui le protège d'éventuels braconniers. Enfin, chose très rare, Craig possède un excellent caratère et il est relativement aisé de l'approcher (si vous êtes avec un guide Masaï) comme vous pouvez le constater sur la dernière photo. Revers de la médaille, sa facilité d'approche a généré un engouement et une importante source de revenus pour certains guides, et sans que celà confine à la foire d'empoigne comme parfois dans l'enceinte du Parc National, la pression exercée par les voitures de touristes est assez importante.
Tout cela s'oublie très rapidement lorsque l'on arrive à proximité des éléphants. La magie de l'instant opère. Voir ce mastodonte se déplacer avec une certaine élégance, sans aucun bruit, avec (si vous avez un peu de chance) le sommet enneigé du Kilimanjaro en arrière plan......Je peux vous assurer que ce sont des images que vous n'oublierez jamais. Et si vous n'avez pas réussi à prendre une photo de qualité, cette image restera gravée sur l'appareil photo le plus sensible de la création : votre rétine.


